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« Tu veux venir jouer avec moi dans le jardin ? » Elle me regarde d’un air furieux, les yeux pleins de larmes. « Je jouerai jamais avec toi, tu seras jamais ma sœur ! » Ces quelques mots ont l’effet d’un coup de poignard dans le cœur. J’aimerais ne pas pleurer, mais je ne peux pas m’en empêcher. Je les essuie et essaye de sourire. « D’accord, ça ne fait rien. » je réponds. Mais je vois bien qu’elle est choquée de m’avoir fait pleurer. Je me lève et m’en vais avant qu’elle n’ait le temps de dire quoi que ce soit. Maman dit que je ne fais pas assez d’efforts avec elle, peut-être que c’est vrai. Mais elle est constamment méchante avec moi, et chaque fois qu’elle me répond elle me blesse. Est-ce que, sous prétexte qu’on est malheureux, on a le droit de rendre les autres malheureux ? Je me prends les pieds dans le tuyau d’arrosage et tombe à plat ventre dans la terre et l’herbe mouillée, en larmes. Avant qu’elle n’arrive à la maison, la vie était plus facile ici. Ses parents sont morts et elle a été envoyée en famille d’accueil. A cause de son fort tempérament et sa décision de rejeter tout ceux qui lui tendent la main, elle a été envoyée dans une autre famille, puis une autre, puis d’autres, sans cesse, avant d’arriver chez nous. Elle a mon âge, douze ans, mais on dirait qu’elle connait tout de la vie. Comme une enfant qui aurait trop vite grandi et qui n’attendrait plus rien de l’existence. Je sens quelqu’un m’attraper par les épaules et je relève la tête. Elle est là, accroupie devant moi. « Désolée. » elle murmure, et je la serre dans mes bras. On pleure ensemble sans s’arrêter, et puis on rit parce que c’est ridicule de pleurer. « Je veux bien que tu sois ma sœur. » elle ajoute. J’acquiesce, heureuse et triste en même temps, et je réponds : « A la vie, à la mort. » Après ça, elle ne cherche plus à changer de famille. C’est avec nous qu’elle veut rester, et elle change petit à petit, comme le renard du petit prince qui se laisse apprivoiser.

jamais elle n'avait rencontré quelqu'un qui l'avait accepté comme harper l'avait fait. quand elle s'est rendue compte à quel point elle la blessait, elle a décidé d'arrêter les frais et de s'excuser. peu à peu, elles sont devenues si proches que malgré le fait qu'elles n'aient pas le même sang, elles se considéraient comme soeurs, jumelles de surcroît. elles ont fait leurs premières bêtises ensemble, ont découvert la vie. elles ont grandi différemment, ne se ressemblent pas vraiment, mais sont la personne la plus importante dans la vie de l'autre. s'attaquer à l'une, c'est s'attaquer à l'autre.