Allongée.
Allongée sur l'herbe.

Il fait beau. Le soleil tape sur ma peau. Le soleil me fait violence, mais tant pis. J'ai pas le teint hâlé de l'espagnole, non. Mais j'ai l'habitude d'avoir chaud. J'ai l'habitude et ça me dérange. Oxford n'est pas si beau en principe. Moi j'aime ses nuages et sa pluie. J'aime son climat opposé à celui de Campillo de Llerena. J'aime tout ce qui s'oppose à Campillo de Llerena en fait.

Je sors mon caméscope. James n'est pas là aujourd'hui. James ne filmera pas. Cette vidéo, j'ai décidé de la faire toute seule. Ce sera Zaé, juste Zaé. Peut-être aussi parce que je ne veux pas qu'il la voit avant que je la publie. Je veux qu'il la découvre en même temps que tout le monde. Oui. Aujourd'hui, j'ai décidé de faire un FAQ. De, enfin, dévoiler à mes suscribers qui je suis, d'où je viens et quel est mon histoire. Des questions, j'en ai eu un peu plus de mille cinq cent et ça fait longtemps qu'on me réclame cette vidéo. Je ne voulais pas, jusqu'à présent. Pourquoi ? Parce que je souhaitais enterrer mon passé comme s'il n'avait jamais existé. Mais depuis que des types de Campillo de Llerena ont trouvé ma chaîne. Depuis qu'ils s'amusent à commenter n'importe quoi et à me traiter de pute, je préfère parler. Je préfère annoncer la vérité, ma vérité. Quitte à déclarer la troisième guerre mondiale.

Je sors mon petit cahier où j'ai noté trente des questions les plus redondantes. Ça m'a pris du temps. Ça ne va pas être marrant. Pour une fois, je ne serai pas la Zaé marrante, fofolle qui fait plein de connerie. Non, je serai la Zaé brisée qui n'a rien trouvé de mieux que de s'enfuir de son pays natal.

J'appuie sur le bouton « ON ». « Yo guapos ! Aujourd'hui, je vous ai reservé une petite surprise. Depuis le temps que vous me le demandez, je vais enfin me présenter grâce à la Foire aux questions. Commençons par la première question : "D'où est-ce que te vient ce joli petit accent ?" Alors, ça me vient d'Espagne, plus préci... » Je m'arrête net. Je constate qu'un garçon s'est approché. Il est à à peine un mètre de moi et il me fixe bizarrement.

Je coupe la caméra.

« Euh... Salut ? »